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J'écris
 J’écris du fond de ma mémoire
      où mes ombres mêmes se sont tues,
      mes lèvres ont bu des larmes noires
      de souvenirs rances et obtus.
      Demain je ferme et je liquide
      espoirs, regrets et coups du sort,
      amours glaciaux, haines torrides,
    enfants, amis. Sans un remord.
J’écris du fond de nulle part
      d’où j’étais et d’où je ne suis,
      de ces fonds d’archives bavards
      où la poussière est comme suie.
      
      Demain je meurs et ressuscite
      sans tout le bruit et l’apparat
      qu’une telle opération nécessite
      si l’on en croit certains prélats.
Demain s’écrit une page blanche
      aux couleurs d’un rêve assoupi.
      Il sera forcément dimanche
      et les oiseaux feront du bruit.
      Alors je ne te saurai pas
      parée d’oubli et le coeur nu,
      libre de nous, surtout de moi.
      J’écris d’où ne suis déjà plus.
    
6 juillet 2004