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Anita Beldiman-Moore

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Lectures

abm

Turner-Whistler-Monet

 

(13 octobre 2004 - 17 janvier 2005
Galeries nationales du Grand Palais)

C'était une expo que je ne voulais manquer pour rien au monde : ces trois peintres sont aux sources de mes premières émotions picturales. Et puis toutes les télés, tous les magazines ne bruissaient que d'elle. Des reportages intelligents pour une exposition intelligente et belle...

Sauf que l'exposition n'était pas si intelligente. Je dirais même qu'elle frisait parfois l'indigence : une succession de salles chronologiques. D'abord Turner, puis Whistler, puis Monet, sagement, à la queleleue. Avec à peine une salle sur Venise et une autre sur Londres qui font enfin dialoguer ces peintre d'âme à la fin de l'exposition.

Alors pourquoi vous en parler me direz-vous ? Tout simplement parce que même pauvrement pensée, l'exposition de telles oeuvres est un monument en soi. Impression, soleil levant (1873). Qui n'a rêvé de contempler cette toile un jour. De l'avoir là, à porter de regard. De voir enfin s'épanouir ses couleurs vraies à l'origine d'un mouvement qui revendique la peinture comme une vue de l'esprit. Celle là et aussi les déclinaisons du Parlement britannique embrasé de crépuscule et d'ombre et surtout cette vision hallucinée de San Giorgio Maggiore au crépuscule (1908) aux ombres violettes et au ciel de feu. On y découvre un Monet attendu mais un Monet moderne, aux antipodes de la mièvrerie de pacotille à laquelle l'a réduit la culture de masses.

Un Monet intimement lié à la quête de la représentation de l'intangible comme Whistler dans ses noctures. Camaïeux de bleus ou de gris qui absorbent d'improbables silhouettes fragiles, accrochées au paysage à peine esquissé comme des bois flottés sur la rive. Pour en arriver au dépouillement inégalé du Nocturne en bleu et argent - Chelsea (1871), comme un poème. Mais Whistler c'est aussi ce foisonnement sombre du Nocturne en noir et or : la fusée qui retombe (1875).

En cela les légendes et les commentaires appliqués sur les murs des salles font ce rapprochement, entament ce dialogue que l'accrochage n'a pas osé faire, comme tétanisé par la fabuleuse grandeur de ces toiles.

Et puis, au commencement et à la fin, il y a Turner.

Turner et sa quête absolue de la lumière. De l'exacte consitence de la transparence de l'air. 50 aquarelles à l'heure certains jours ! Parce que porté par l'urgence du moment. Parce que cette forme précise du nuage à cette heure précise du jour ne se reproduira jamais plus. Et peu à peu, dans l'éblouissement de cette lumière, les personnages s'effacent, les paysages mêmes s'estompent jusqu'à n'être plus qu'un bosquet esquissé sur la droite du Paysage avec une rivière et une baie au loin (1845) et surtout jusqu'à ce brasier d'or en fusion qu'est le Soleil couchant sur un lac (1845). Une toile aux limites de l'abstraction (bizarrement placée dans la première salle de l'exposition alors qu'elle est à des années lumière -c'est le cas de le dire- des efforts les plus aboutis de l'Américain et du Français qu'elle a inspirés). Une toile inimaginable pour l'époque. Au point qu'elle ne fut pas exposée en public avant... 1946 ! Une toile qui fit dire à l'un des plus grands admirateur de Turner, William Bürger : "Des fournaises où flamboient des fantômes, des toiles de 3 mètres plaquées de jaune et de blanc, pour simuler on ne devine pas quoi. C'est peut-être ainsi que les aigles planant dans l'ether voient l'espace. Mais ce n'est plus fait pour les yeux de l'homme" (Denis Riout : Turner - Cercle d'art). 150 ans plus tard, les yeux des hommes n'arrivent pas à se détacher de cette vision absolue, indépassable.

Voilà pourquoi, même si c'était une exposition médiocre en ce qu'elle pensait moins son sujet que l'excellent catalogue qui l'accompagnait*, c'était une exposition qu'il fallait courir voir. Pour se remplir les yeux (fenêtres de l'âme) de lumière et de beauté.

Site parlant de l'exposition
http://www.impressionniste.net/turner_whistler_monet.htm

*Turner-Whistler-Monet, un dialogue artistique
Réunion des Musées Nationaux, 2004.
39 euros - ISBN:2-7118-4727-6

 

 

 

 

 

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